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1 juin 2013

ENSEIGNEMENT ET LA CULTURE EN ALGERIE PENDANT LA PERIODE COLONIALE

Ce qu’Ahmed MAHSAS a ajouté suite à la conclusion, en annexe  avec  « texte intégral de la déclaration du FLN » diffusé le 1er novembre en 1954 se trouvant après, dans son livre intitulé :

 LE MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE EN ALGERIE

De la 1ère  guerre mondiale jusqu’à 1954

 

L’ENSEIGNEMENT ET LA CULTURE EN ALGERIE PENDANT LA PERIODE COLONIALE

 

                  L’histoire du mouvement révolutionnaire en Algérie pourrait être complétée par des séries d’annexes portant par exemple sur l’économie. Nous avons retenu ici quelques pages portant sur les dimensions culturelles de ce mouvement. A la dimension culturelle exercée par le colonialisme  (école, idéologie diffusée…) a répondu une résistance ancrée sur les valeurs de l’histoire du peuple algérien (langue, religion, liens avec le monde arabe…). Les pages suivantes posent les données de ce problème culturel,  qui continue d’exister dans la période et  aujourd’hui.

 

                   Au point de vue culturel, la politique coloniale a consisté à « effacer les traits distinctifs de la société algérienne ». Elle s’est attaquée d’une manière particulière à la culture arabo-islamique dans laquelle elle voyait la principale force de résistance à son entreprise de dépersonnalisation. L’acharnement mis à la détruire, directement ou indirectement, procédait de la même volonté de faire table rase de cette société et de transformer l’Algérie en province française. Mais cette déculturation visant à l’étouffement de la langue arabe, parfois à de  désislamisation et surtout à la déformation de l’islam, n’allait pas de pair avec un enseignement conséquent de la culture française, comme on aurait pu logiquement le supposer. Elle répondait principalement à la nécessité  de lutter contre l’identité algérienne. La diffusion de la culture française, conçue dans le même esprit, ne fût assurée qu’au compte goutte. Car on a toujours pensé que la même culture française dispensée largement à la population, constituait un danger pour la colonisation. En fait, on a pratiqué une véritable culture d’obscurantisme. Les algériens étaient mis dans l’obligation d’abandonner  leur propre culture et on les empêchait en même temps d’accéder, à égalité avec les européens, à la culture de la puissance coloniale.

                    Cette politique a eu certainement les conséquences les plus négatives sur le développement historique de l’Algérie. Elle est l’une des causes essentielles, là où elle fut appliquée, du retard, des contradictions et du déséquilibre dans le développement des sociétés coloniales. Elle a contribué, plus que l’exploitation économique, à l’aliénation « des élites », à l’arriération et l’appauvrissement des masses. Ses effets surdéterminants ont pesé sur les mouvements les mouvements nationaux eux-mêmes qui, souvent ont éprouvé de nombreuses difficultés lors de la phase de la restructuration de l’identité nationale. Ces effets surdéterminants négatifs se feront sentir encore, à divers de grés, après la période de l’accession à l’indépendance nationale.

                  Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille occulter les causes internes qui ont pu freiner l’évolution de la société concernée, ni rendre le colonialisme exclusivement responsable de tout ses maux. Il en est qui sont antérieures à l’avènement de ce dernier ; les nier serait ôter à une société sa volonté et sa propre responsabilité à déterminer son histoire. Mais il n’en demeure pas moins que la capacité de cette société à surmonter ses contradictions fut entravée par l’invasion étrangère. Celle-ci a provoqué une rupture profonde dans le processus d’évolution et a introduit de graves contradictions, qui se sont traduites, notamment par la réduction de la capacité de créativité autonome et dans une certaine mesure par l’imitation sans discernement des modèles étrangers.

                      Ce qui est récusé, ce n’est point la culture française qui contient comme toutes les cultures une part d’universalité. L’emprunt à une culture fait partie des échanges culturels humains et toutes les sociétés y ont recours dans l’histoire, directement ou non. Quelle culture peut prétendre à une création sans emprunt ou à un développement totalement autarcique ?

                      Ce qui est mis en cause c’est l’idéologie d’un système qui se pare de cette culture pour des fins de domination et d’exploitation. La francisation s’imposait comme une arme de destruction de la culture arabo-islamique non parce que celle-ci était inapte à promouvoir le progrès, mais pour  la raison qu’elle opposait fermement et effacement à la réalisation du projet colonialiste.

                       Dans ce cadre, les rapports entre les deux cultures ne pouvaient être qu’antagonistes et dépourvus de tout esprit d’échange et d’enrichissement réciproque. C’est pourquoi les Algériens dès le début de l’occupation, s’attachèrent avec force à leurs valeurs culturelles et les défendirent âprement. Ils  s’opposèrent à la déculturation et refusèrent longtemps d’envoyer leurs enfants dans les écoles françaises contre lesquelles ils restèrent réservés et méfiants. Et quand ils furent contraints par les nécessités à rechercher les connaissances à la vie pratique, les enfants fréquentèrent  les établissements français, mais s’efforcèrent de préserver leur identité. Ceci ne concernait de toute évidence que la minorité scolarisée, étant donné le nombre restreint des écoles, par rapport à l’effectif des enfants d’âge scolaire. C’est dans une culture nationale agressée et amoindrie que les Algériens cherchaient à protéger leur intégrité morale. Les mosquées marginalisées et surveillées furent néanmoins d’un grand apport pour le maintien de l’enseignement du coran et des rudiments de la langue arabe.

                          Ainsi comme le souligne A.Mazouni, la « langue prit valeur de symbole et de manifestation d’une manière d’être, face au colonisateur décrétant l’annexion et prêchant l’assimilation. L’arabophonie devint un refuge presque inexpugnable contre toutes les négations dont les Algériens étaient victimes. Elle se transforme à son tour, en une vivante négation, immédiatement saisie par tous et à chaque instant renouvelée des prétentions de l’occupant de nous dissoudre dans la francité et surtout le néant.

                           « Il n’est donc pas surprenant que tous les mouvements culturels et politiques nationaux lui ont fait (à l’arabité linguistique) une place plus ou moins grande dans leurs programmes et leurs propagandes ». Aux yeux du peuple et du mouvement national c’était là un principe fondamental sur lequel s’articulait toute l’action politique, la langue et la religion constituaient des éléments d’opposition efficaces « pour une communauté nationale privée de sa souveraineté », face à la colonisation disposant de tous les leviers des pouvoirs politiques et économiques. Ces deux éléments, quelle que soit l’idée qu’on s’en fait, formaient les catalyseurs de base de la résistance populaire contre l’oppression politique, la déculturation et l’exploitation économique. Ils  jouèrent objectivement un rôle social éminent en maintenant une certaine intégration, une cohésion de la société, contre la culture dissociatrice  de l’occupant. Ce défi permanent relevé avec des fortunes diverses par une culture infériorisée face à une culture dominante, devait revêtir un caractère antagoniste dans la situation coloniale. Ce la n’implique d’ailleurs pas un jugement de valeur quelconque sur les mérites des deux cultures. L’intérêt portait sur le rôle dévolu à l’une et à l’autre dans le conflit aigu qui opposait la communauté algérienne au colonialisme. Ce conflit qu’on retrouve dans tous les domaines, fut constant tout au long de l’occupation coloniale.

                             Il débutera par  la violation de la convention de 1830 dont l’une des clauses stipulait : « … l’exercice de la religion ‘’ mahométane’’ restera libre », la législation française fut appliquée aux cultes célébrés en Algérie, dans un sens nettement restrictif, ramenant l’Islam à un simple rituel vidé de son contenu : la liberté consistait en la prière, l’organisation des cérémonies et le recrutement du personnel du culte. De plus, la religion « est présente désuète, se confondant avec le fanatisme, en voie de disparition… » écrit C. Bontemps . L’action menée par les missionnaires tendant à gagner le pays à la foi catholique se conjuguait à celle du gouvernement pour réduire la religion à sa plus simple expression. On mettait à profit l’occasion de chaque insurrection organisée par les musulmans pour aggraver  la répression et accaparer sans distinction les biens particuliers et ceux appartenant aux établissements religieux (habous, etc.).

                           L’Islam était dépossédé ainsi d’une grande partie de son infrastructure culturelle. Selon Ismaël Urbain, cité par C.Bontemps, « Alger renfermait en 1830 : 13 grandes mosquées, 109 petites mosquées, 32  ‘‘ chapelles ’’ et 12 zaouyia. En 1862, seules 4 grandes mosquées, 8 petites et 9 chapelles étaient encore affectées au culte musulman ». Mais d’après, « il subsiste 48 établissements dont seuls 21 sont consacrés au culte musulman ». Cette politique était appliquée à l’échelle de tout le pays et en résultait une dégradation de la religion qui ne fut compensée que par la foi individuelle et collective des Algériens. Quant à l’enseignement,  il « était au moins aussi répandu dans la régence turque qu’en France à la même époque » et « qu’entre 1836 et 1848, les écoles disparaissait progressivement (….) ; la moitié des établissements  a  cesser de fonctionner » écrit le même auteur,  qui se base sur de nombreux enseignements pour  le saborder au profit de celui des congrégations  et de leur prosélytisme. Celles-ci comptaient en 1850, 17 établissements alors que le nombre de m’cid (école arabe) tombait à 15. Le but de l’administration consistait à façonner les jeunes musulmans (une minorité) dans « un moule français » et à en faire des "  prototypes d’une civilisation future….). 

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